Le Comité National d’Action Laïque, présidé par la Ligue de l’enseignement, a organisé le 13 juin 2018 un colloque sur l’application du principe de laïcité dans les établissements publics. Les résultat d’un sondage et toutes les vidéos sont en ligne.

La synthèse des enquêtes Ifop/CNAL et la conclusion de Jean-Paul Delahaye sont téléchargeables sur le site du CNAL ainsi que les vidéos intégrales des interventions du colloque sur la chaîne Youtube du CNAL.

Pendant l’année scolaire 2017-2018, les cinq organisations constitutives du Comité national d’action laïque (CNAL) ont souhaité faire un état des lieux de la mise en place du principe de laïcité dans les écoles et établissements publics. Voici un retour sur ces travaux présentés lors d’un colloque le 13 juin. Les travaux montrent que, dans une très large majorité, le climat scolaire autour de la laïcité est aujourd’hui apaisé dans les écoles. Sauf en REP, l’école semble préservée des pressions extérieures qui empêcheraient la mise en application du principe de laïcité. Cette différence entre éducation prioritaire et non prioritaire est sensible dans tous les résultats des travaux. Globalement, la loi du 15 mars 2004 n’est que minoritairement contestée mais les contestations dans établissements situés en éducation prioritaire sont beaucoup plus nombreuses. On note des contestations influencées par l’actualité internationale. Pour les enseignants interrogés, ce qui met en danger la laïcité est la montée des communautarismes. Afin d’éviter de possibles incidents provoqués par certains élèves, des enseignants déclarent s’autocensurer dans leur enseignement. Les enseignants constatent un renforcement des contestations du principe de laïcité, en particulier influencées par l’actualité internationale. En réalité, lorsque l’on affine les questions, la définition de la laïcité ne fait pas totalement consensus parmi les enseignants. Mais dans l’ensemble, les enseignants restent moins inquiets que leurs concitoyens sur le fait que la laïcité soit en danger.

Une culture commune sur la laïcité n’est pas encore installée. Les travaux montrent que les élèves sont peu encouragés à prendre une part active dans la mise en pratique du principe de laïcité. De leur côté, les parents sont très peu associés à des activités de formation à la laïcité. Enfin, les enseignants sont très peu à avoir reçu une formation sur la laïcité (ceux qui en ont bénéficié en sont satisfaits). Enfin, les enseignants ont une appréciation très contrastée sur les dispositifs et les aides mis à leur disposition pour faire partager aux élèves le principe de laïcité. Plus optimiste, le dialogue permet de régler les problèmes pour 97 % des enseignants (98 % s’agissant des élèves). Exception faite des établissements régulièrement confrontés à des contestations, il y a donc peu de procédures disciplinaires. En revanche, ce qui semble plus inquiétant, ce sont les actes ou paroles d’intolérance entre élèves, de racisme, de pression à l’égard des filles qui atteignent un niveau préoccupant pour les enseignants.

Le sondage Ifop « les enseignements et la laïcité » a été mené auprès de 650 enseignants du public exerçant du primaire au lycée. Il a été complété par une enquête plus qualitative, réalisée par les acteurs locaux des organisations constitutives du CNAL auprès de 999 enseignants des écoles, collèges, lycées professionnels et lycées d’enseignement général et technologiques publics. Au-delà des résultats des enquêtes, le colloque du CNAL le 13 juin à Paris était ambitieux. Il a permis de recueillir bon nombres de témoignages d’acteurs de terrain. Les vidéos des interventions sont disponibles sur la chaîne YouTube du CNAL ainsi que les auditions d’universitaires, d’experts, de personnalités qualifiées et d’acteurs de terrain, organisées par le CNAL pendant l’année. Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire et Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Education nationale étaient présents. En conclusion, Jean-Paul Delahaye président du CNAL et vice-président de la Ligue de l’enseignement, a rappelé qu’il était difficile de « séparer l’affirmation des principes laïques de la question sociale » mais que « la dimension religieuse, peut-être même plus encore culturelle » était un aspect tout aussi essentiel de la question.