La plantation d’arbres de la laïcité, en relation avec des municipalités sensibles aux questions laïques ou avec des établissements scolaires est devenue fréquente. La plantation d’un Arbre de la laïcité permet de rassembler les organisations du mouvement laïque autour d’un événement bien couvert par la presse quotidienne régionale. C’est à Guy Georges, ancien secrétaire général du Syndicat national des instituteurs, que nous devons l’idée et l’impulsion pour sa mise en œuvre. Ce beau geste symbolique est évidemment inspiré par les arbres de la liberté. Selon Jacques Godechot « L’arbre de la liberté n’est autre que l’ancien « mai » que les paysans plantaient généralement à l’occasion des fêtes votives, tradition héritée sans doute des vieux cultes païens. Les premiers arbres de la liberté furent plantés dans le Périgord dès le mois de janvier 1790 » (1).

L’arbre de mai était un poteau décoré d’emblèmes manifestant de façon festive la cohésion populaire communale. L’arbre de la liberté s’en inspire tout en lui donnant un sens nouveau : l’affirmation de la souveraineté du peuple (2). Des milliers furent plantés. L’abbé Grégoire, député à la Convention, leur consacrera une importante étude. On en plantera encore en 1830, en 1848 (où ils furent bénis par le clergé !), en 1871 et à la Libération.

L’arbre est un puissant symbole par son enracinement, par sa fière verticalité et par son feuillage protecteur. Parmi les symboles de la Révolution, l’arbre de la liberté est, d’après Albert Mathiez « le plus vivace dans l’âme populaire » (3). A la suite des arbres de Mai et de la liberté, on plantera des arbres de la fraternité, de la raison, de l’union, de la vertu… L’arbre de la laïcité s’inscrit dans l’histoire populaire et dans la mémoire révolutionnaire. La laïcité comme garante de nos libertés est mise à l’honneur, contre les conceptions de ceux qui la réduisent à des interdits.

(1) Les institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, PUF, 1998.
(2) Eric Fechner « L’arbre de la liberté » Revue Mots n° 15, octobre 1987.
(3) Les origines des cultes révolutionnaires. Société nouvelle d’édition et de librairie. 1904